Samedi dernier, aux premières lueurs de l'aube, des promeneurs ont découvert deux cadavres en Forêt de Fontainebleau. Ceci pourrait être le début de quelque sordide affaire de droit commun. Mais cette histoire n'a rien de commune et encore moins à voir avec le droit.
C'est l'histoire d'un homme et d'une femme. Lui 71 ans et elle 70 ans. La veille au soir le couple s'était rendu à bord de sa Lancia prés du lieu-dit "la caverne des brigands". Ils ont tous deux avalés médicaments et alcools, puis, se sont endormis, l'un prés de l'autre, pour l'éternité. Au matin ,prés d'eux, leurs passeports et une lettre manuscrite. "Nous ne voulons pas polluer la planète" expliquait ce couple d'italos-américains. Après "une vie bien remplie" et plusieurs tour du monde ils ont jurés de mourir ensemble, la main dans la main, au milieu des arbres qu'ils aimaient tant. Leurs dernières heures passées à Barbizon, la note de leur hôtel réglé, ils se sont glissés au coeur de la nuit pour ne jamais se quitter.
Une histoire banale ou peu digne d'intérêt en regard de la "grande actualité" ? Peut-être. Mais n'est-il pas important de relater la fin de ces amants que rien n'a séparé. La mort occupe en ce moment toutes les unes. Elle occupe aussi celle de MagNet. Mais il s'agit ici d'une mort qui a échappé au contrôle de la société et de ses règles. "Se suicider à 70 ans, songeront certains, quelle folie !" Un crime même. Un crime contre les conventions et l'acharnement à vivre. Mais, peut être que ce couple avait si bien compris le prix de la vie et de l'amour qu'il savait que l'un sans l'autre n'ont aucune saveur. Une histoire simple qui pose crûment la sempiternelle question : pourquoi vivons nous ? N'y voyez pas de la philosophie de café du commerce, mais un éclairage par l'exemple d'une autre conception de la vie que celle qui prévaut généralement.